Boycott des tours de la défense par ses employés, les tours se vident, accentuant le sentiment d’inutilité des tours de bureaux et gratte-ciels, déjà mal-aimés en France. Mais quel bien en ressort ? Pourquoi les tours ne sont pas le parangon de la destruction de la nature que l’on croit toujours, naïvement ?
1 tour de bureau préserve quantité de terre agricole, ainsi non-détruite pour y loger des PC et photocopieuse. 76% d’emploi tertiaire en france. Ni besoin de terre, ni de grands entrepôts etc. Juste quelques tables et chaises. Jamais on a détruit autant de terre arable pour si peu d’utilité réelle.
Faire les réunions à paris plutôt que de pousser aussi loin, jusqu’à la Défense.. caprice de cadre sup ? « Cette vie minérale .. ne fait plus rêver les jeunes actifs » ? (et paris, c’est pas minéral peut-être…?) Et les jeunes de banlieue qui doivent traverser la région pour aller à Nanterre Université, … ils sont heureux de faire plus d’1h de trajet peut-être, car il n’y a pas de gratte-ciel ? …. A poser la minéralité comme source du problème, toujours, on va accentuer l’idée qu’il serait possible de profiter de tout à la fois la ville et la campagne même au bureau, … de toujours réclamer le beurre et l’argent du beurre, en tout cas appuyer l’idée de la périurbanisation infinie, de l’ubiquité automobile. Ou, Paris et la campagne pour les plus privilégiés, les autres refourgués en banlieue et les transports bondés sans fin. Que se passera-t-il quand toutes les entreprises de la Défense déferleront sur Paris, pour le cadre ? On entend pas les ouvriers se plaindre de travailler dans des entrepôts parce qu’ils seraient trop grands, trop moches ou trop loin. Au contraire, ce qu’ils aimeraient, c’est plutôt ne plus Vivre dans des tours … Autre classe, autre problème.
En tout cas, les tours vides, ca participe de ternir la réputation déjà mauvaise en france, des tours. A quoi bon ériger des arrogantes tours dans le ciel, si on peut les cacher en urbanisant la campagne ? … D’ailleurs, les entreprises préfèrent être logées au vert, bien accessibles en voiture près des voies rapides et avec grands parkings, que dépendre des transports de pauvres, ces trains souterrains, … ca fait tâche. Les entreprises sont des gens comme les autres, si non-logées à Paris centre, elle préfèrent la campagne.
Et puis, dans les ZA, on trouve maintenant des pistes cyclables qui en font le tour, bordées de lilas. C’est donc qu’ils pensent à la planète.
Combien d’hectares ainsi détruits à toulouse, nantes, partout en europe, bureaux qui s’étalent à la campagne comme nos usines jadis, mais dans des cubes sans âmes, souvent de de 1étage max, entourés de larges pelouses tondues régulièrement et arrosées copieusement, … espaces verts qui auraient pu profiter à des milliers de familles privées de jardins ou de parcs. Mais non, tous ces hectares de terre sacrifiés pour des bureaux horizontaux, car 50ans après, la mode de l’hyper-étalement urbain à l’américaine est toujours largement dominante, et bien à son avantage, c’est caché par l’image d’Epinal du gratte-ciel qui, bien que minoritaire même aux USA, prend le devant de la scène et symbolise l’ennemi de la nature.
Bien triste paradoxe. Le réchauffement climatique explose, et le modèle d’étalement urbain prospère le long des axes autoroutiers (qui eux aussi se multiplient en silence…), ou juste en imposant toujours plus de km/capita en voiture, et les citoyens, tout écolos conscients qu’ils sont, pestent avec force conviction contre les vilaines tours de Paris, tout en avalant les km en voiture au quotidien, et surtout, le plus grave : de plus en plus. De plus en plus de km, de C02, de km²/capita urbanisés, … mais tout cela est plus dur à percevoir. On voit surtout le gazon qui entour les ZA, c’est donc que c’est écolo car ce qui est vert est bon pour la planète (c’est compliqué la science, mais ca, on a pigé). Et puis il y a de plus en plus d’éoliennes, alors « c’est bon je vais quand même pas prendre le bus non plus ». …
Alors on va continuer à taper sur ce qui nous arrange, sur le symbolique, plutôt que de faire l’effort de voir la réalité en face, ce qui n’est pas pratique car ca révèle nos paradoxes et nos faiblesses. Alors on va continuer à amplifier la crise environnementale tout en la dénonçant. Car quitte à finir, autant garder la tête haute, ..selon les critères de la morale commune. Qui osera défendre les tours, ces symboles des puissants et du béton destructeur ? Seuls des fous, assurément.
– Aucune tour plus haute que la tour Eiffel, juste 2 ou 3 jusqu’à 200m (2/3 de la tour Eiffel, 1/2 Empire state building).
– Aucune n’est visible depuis le sacro-saint paris historique « préservé » soit-disant (mais regardez mieux… Paris est pas si préservé que ca par endroits).
– Moins d’ombre fixe avec une tour que dans les rues normales du centre (et oui, surprise, une tour verticale ca crée une ombre qui bouge, avec le soleil…)
– Des entreprises du « capitalisme arrogant » continuent d’exister tout autant même si elles sont dispatchées dans des bureaux horizontaux, juste moins visibles. Et, on le redit jamais assez, … ca n’est pas le symbole qui crée ni le capitalisme, ni la destruction de l’environnement.
Si une tour préserve les sols agricoles de la bétonisation, favorise le transport en commun, … c’est plus écolo que ces périphéries infinies de voies rapides et zones d’activité qui n’ont aucunement besoin de tant d’espace au sol contrairement aux rares usines…
Alors d’un côté on arrête l’étalement des maisons individuelles mêmes les petites mitoyennes et de l’autre l’expansion généreuse des zones d’activités en plein champ progresse. On interdit de plus en plus aux gens, dans les métropoles, d’avoir un petit bout de terre pour faire pousser leurs légumes ou leurs enfants, et on continue d’autoriser l’urbanisation et l’utilisation des très vastes hectares de terre de façon beaucoup moins dense pour les entreprises (m²/capita, m² utilisé en zones d’activités …). En quoi les entreprises méritent-elles plus d’espace que l’habitat ? Il serait quand même grand temps d’arrêter l’étalement des bureaux, où arrêter ce deux poids deux mesures.