A écouter dans l’émission La Grande table idées par Olivia Gesbert, sur France Culture.
« Remettre en question sept dogmes qui régissent la pensée urbaine en France, c’est le travail auquel s’est adonné notre invité, l’urbaniste Jean-Marc Offner, dans son essai « Anachronismes urbains » qui vient de paraître aux Presses de Sciences Po. »
Lorsque un discours, une pensée se cimente, s’émancipe et s’ancre dans la noosphère, il est très intéressant d’entendre de temps à autres des discours légèrement, subtilement différents, pour remettre les choses en perspective, dès lors qu’on commence à trop s’asseoir sur ses bases, ses idées, ses croyances. Et c’est d’autant plus pertinent et enrichissant qu’il ne s’agit pas de simples et classiques contradictions, remises en question, dans des débats de pour-ou-contre qui existent toujours, tous domaines confondus.
La pensée de Jean-Marc Offner içi est intéressante en cela, comme il le précise avec un maître mot, « équilibre ». Il ne condamne pas la proximité ou le localisme, et n’encourage pas à l’étalement urbain pas plus qu’il ne dénonce la lutte contre, mais il propose une manière de penser l’existant, peut-être de ce fait plus pragmmatique qu’idéologique. Parfois il faut savoir mettre de côté la bataille idéologique, et regarder les choses avec un regard plus neutre, pour y voir des choses qui sont occultées lorsqu’on a toujours le même filtre sur le nez.
Les idées évoluent en fonction du contexte et de la construction de la pensée sur elle-même, mais ce que l’auteur nous rappelle ici indirectement, c’est sans doute que, malgré de bonnes idées de fond qu’il n’est pas question de remettre en question, c’est l’idée qu’il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain, qu’il y a des choses qui restent pertinentes avec le temps. Comme pour le patrimoine bâti, il faut parfois restaurer, adapter les idées et perceptions du monde, plutôt que de raser et rénover. La pensée urbaine doit certes progresser, mais elle doit le faire avec plus de subtilité. Recontexctualiser, prendre en compte les réalités socio-économiques (comme les comportement résidentiels effectifs des gens), plutôt que de se laisser porter uniquement par les dogmes, les idéaux voir les mythes. Recontextualiser les questions en fonction des territoires, des populations, des échelles surtout, et en fonction aussi de l’urbain invisible, le non-visuel qui est par la force des choses souvent sous-estimé.
De la mixité résidentielle, scolaire, à l’agriculture en passant par le rôle de l’architecture, ce sont des sujets grand publics qui nous concernent tous. Non pas tant pour convaincre, pour changer nos idées, mais pour nous ouvrir à une perception moins dogmatique et plus compréhensive de ces sujets ..éminemment complexes.